Pour vous conter l’histoire de la masso-kinésithérapie, je me suis inspiré des travaux de René Waghemacker, Ancien Chef de Clinique de récupération Fonctionnelle au C.H.U. de Lille. Je tire ses travaux de l’Encyclopédie Médico-Chirurgicale.
“On ne connait bien une science que lorsque l’on en connait l’histoire” Auguste Comte.
La Chine antique
Le “coung Fou” était enseigné par les prêtres taoïstes vers 2700 ans avant J-C. Selon le Père Amiot, religieux français de XVIIIème siècle, il fut codifié en Chine sous le règne de Hoang-ti (2698 avant J-C).
Il comprend l’études des positions du corps, l’art de varier les attitudes et l’étude de la respiration dans les variations de position.
La Grèce antique
Platon, dans le livre III de la République, mentionne la médecine des maladies et contagions et aussi la médecine à base du mouvement notamment celle utilisée lors du siège de Troie par Machaon et Podalyre. Ces derniers, fils d’Asklepios, devaient soigner des corps sains et robustes par le mouvement (médecine de guerre).
Hérodicus était ialtripte (celui qui frictionnait avec de l’huile) et exerçait dans un gymnase. Il fut le maître d’Hippocrate et posa les premières bases d’une gymnastique rationnelle.
Selon Hippocrate:
” Les organes ne conservent leurs capacités fonctionnelles que grâce à un usage et un exercice appropriés. Tous ceux qui en useront ainsi s’assureront une bonne santé, un développement harmonieux et une longue jeunesse.”
Il décrit dans ses œuvres les effets des massages, des manipulations et de la gymnastique.
La Rome antique
Asclépiades de Bithynie, introduit la gymnastique médicale à Rome en 124 avant J-C.
Pline l’Ancien recommandait l’hydrothérapie, l’exercice et le massage thérapeutiques.
Galien exerce à Pergame (131 201 après J-C) le massage et la gymnastique. Dans son maître-ouvrage “Gymnastica”, il décrit l’exercice contre résistance:
“Celui qui exécute un exercice pour lequel il faut force et vigueur étend et fléchit les bras en maintenant fortement les mains accolées sans trembler. Mais si un partenaire tire sur les mains et qu’il résiste à la traction, il fortifie encore davantage ses muscles et ses tendons…”
Coelius Aurelianus apportera la notion d’analepsie (action de recouvrer) dans les maladies chroniques, ce qui deviendra la réadaptation.
L’Europe du Ier au XIXème siècle
Les savoirs grecs et romains ne se sont pas perdus au Moyen Age.
Oribase introduisit l’hydrothérapie en Gaule et les bains de Lutèce restèrent longtemps célèbres.
La médecine resta fidèle aux enseignements d’Hippocrate et de Galien. Julius Alexander (1275) publia un premier livre sur le sujet “Salubrium sive de Sanitate tuenda”. On comptait plus de bains à Paris sous Philippe Le Bel (50) que sous Louis XIV (2).
Ce n’est qu’à partir de la Renaissance qu’un courant se dessina pour étudier plus scientifiquement la discipline.
XVIème siècle
On nota au XVIème siècle des auteurs et des ouvrages marquants: Hieronymus Mercuriali “De Arte Gymnastica”, Lefebvre De Saint Jurien “Agonisticon”, Champier “Rosa Gallica”.
XVIIème siècle
Au XVIIème siècle, Fabricio d’Aquapendante fonda l’école iatro-mécaniste (l’être vivant est un automate régit par les mathématiques) qui s’opposa à l’école médico-chimiste. Descartes publia le “Traité de l’homme et de la formation du foetus”, Paris, 1664.
XVIIIème siècle
Les thèses précédentes furent discutées, réfutées, améliorées au XVIIIème siècle. Dans le domaine du mouvement, ce fut le Français Andry de Boisregard et l’Allemand Friedrich Hoffmann qui permirent des avancées majeures.
Friedrich Hoffmann, médecin du roi Frédéric-Guillaume de Prusse, condensa sa pensée dans “Medicina rationalis systematica”. On trouve deux ouvrages notoires “De Motu optima corporis medicina” (Halle, 1701) et “Dissertationes physico-medicale” (La Haye, 1708).
Ce dernier inspira l’Anglais Francis Fuller “Medicina Gymnastica or a treatise concerning the power of exercise” (London, 1705).
En France, Andry de Boisregard fit sa thèse de doctorat “L’exercice modéré est-il le meilleur moyen de se conserver en santé?” (Paris, 1723). Son traité de gymnastique préventive et corrective “Orthopédie” (Paris, 1741) suivit vingt ans plus tard.
A la fin du XVIIIème siècle, Sabatier écrivit “Des exercices du corps chez les Anciens pour servir à l’éducation de la jeunesse” (Paris, 1772).
C.T. Tissot publia “Gymnastique médicale et chirurgicale ou essai sur l’utilité du mouvement ou des différents exercices du corps et du repos dans la cure des maladies” (Paris, 1780).
La discipline est jusqu’ici étudiée de manière générale. La technique et l’application éducative sont relayées au second plan.
L’Europe du XIXème siècle
Les grands maîtres-gymnastes naissent durant ce siècle et vont être les précurseurs de l’éducation physique moderne.
Pehr Enricke Ling (1776-1839) est le précurseur de la kinésithérapie moderne. Ses travaux et ses principes poseront les bases de la méthode suédoise.
Le Français Georges Demenÿ fit la critique de la méthode suédoise “L’Ecole Française” (Fournier, édit., Paris, 1909). Il débuta ses travaux dès 1880 par la fondation de la station physiologique du Parc des Princes.
Dans la marine, le lieutenant de vaisseau Hébert organisa la gymnastique des fusiliers marins de Lorient et obtint selon Demenÿ “des résultats qui ne laissent plus rien à désirer”.
Tout cela aboutit en 1903 à la création par le ministère de l’Instruction Publique au cours supérieur d’éducation physique et à l’enseignement de la gymnastique.
Conclusion
La science du mouvement connait un développement récent dans notre histoire depuis le XVIIIème siècle.
La conscience de l’importance du mouvement dans la santé des hommes remonte au minimum à cinq millénaires.